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Profils d'élite #15 ; Fabrizio Romano, la voix du marché des transferts

Bienvenue dans le quinzième épisode de notre format "Profils d'élite".

Notre rédaction explore ici de fascinants parcours qui ont marqué l'histoire du football. Ce n'est pas une simple rétrospective, c'est une véritable célébration d'un talent, d'une légende.


Quand il parle, tout le monde écoute. Si demain, il déclare que Lionel Messi raccroche les crampons pour devenir tennisman, alors Messi change de carrière. S'il annonce que vous avez été adopté, vous êtes adopté. Depuis plusieurs années, cet Italien est devenu incontournable, son nom omniprésent, toujours accompagné de son célèbre gimmick "Here We Go !", comme une promesse irrévocable. À lui seul, il sait déjà tout, divulgue tout, souvent bien avant que les clubs ne l'officialisent. Cette omniscience est le fruit de quatorze années d'efforts et de sacrifices. Certains le critiquent, regrettant les mystères du marché des transferts d'antan. D'autres l'admirent, l'envient.


Voici l'histoire de celui dont le nom devient l’un des plus recherchés sur Google chaque été.

Voici l'histoire de Fabrizio Romano.



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La naissance du journaliste le plus influent au monde

Pour comprendre son ascension, remontons un peu dans le temps. Le 21 février 1993, à Naples, naît Fabrizio Romano. Comme tant d'autres jeunes garçons italiens, il rêve de football. Mais le terrain ne lui promettait pas la gloire. Ni même le casque d'ouvrier. C’est alors qu’il choisit de prendre une autre route : celle du journalisme. À seulement 16 ans, il commence à écrire sur le sport roi, sans trop d’écho. Mais trois ans plus tard, en 2011, tout change. À cette époque, Fabrizio entre en contact avec Abian Morano Santana, agent de Mauro Icardi, alors membre de l’académie du FC Barcelone. Romano lâche une bombe : le talent argentin va rejoindre la Sampdoria. Ce transfert, officialisé six mois plus tard, est la première pierre d’un édifice en construction. Si ce n'était qu'un simple passage d’un jeune inconnu vers une équipe de seconde zone, l’avenir de Romano, lui, s'éclaircissait. Deux ans plus tard, Icardi part à l’Inter Milan, et devinez qui annonce le transfert en premier ? Fabrizio, bien sûr. Le jeune journaliste napolitain a su rappeler à l’agent son précédent service, et cette fois, l’agent a répondu présent. La machine était en marche.


En 2013, Romano tape dans l’œil de Gianluca Di Marzio, figure emblématique du journalisme sportif italien, qui le recrute comme assistant pour Sky Sports. À seulement 20 ans, Fabrizio accède à la grande scène. Les années qui suivent, il s’affirme, travaillant en collaboration avec des géants comme The Guardian et CBS Sports, tout en cultivant son indépendance. Mais c’est en 2021 que tout bascule : l’annonce fracassante du départ de Zidane du Real Madrid place Romano au centre de toutes les attentions. Si certains criaient à la projection, il prouva par le détail qu'il s'agissait là bien d'une information. 



Les dessous d'un réseau bien ficelé


Mais d'où viennent ses informations ? Lors d'une interview accordée à Flashscore à l'été 2023, Fabrizio Romano s'est ouvert sur son réseau et son travail :

"Je ne me pose jamais la question de savoir combien de sources j’ai. Je vis un jour à la fois, c’est ça mon secret. Je fais des rencontres, je garde contact avec ceux que je connais depuis quinze ans, et j'élargis mon réseau de manière naturelle. Le truc, c’est de ne pas planifier. Je ne me dis pas : 'Aujourd'hui, je dois rencontrer quelqu’un du Real ou de Chelsea'. Je connais déjà quelqu’un, et peut-être qu'il me mettra en contact avec quelqu’un d’autre. C’est un peu comme un jeu de dominos. Et souvent, les plus grosses infos viennent des sources les plus modestes. Voilà pourquoi je respecte tout le monde dans mon réseau."

Romano fut le premier à annoncer les transferts majeurs de Neymar et Messi au PSG, de Ronaldo à Al-Nassr, ou encore l’interminable feuilleton Kylian Mbappé vers le Real Madrid. Son travail est devenu synonyme de vérité. Fabrizio Romano ne se contente plus de Twitter (désormais X). Avec plus de 65 millions d’abonnés sur ses diverses plateformes (Instagram, YouTube, Facebook, Twitter), il est devenu le journaliste le plus influent de l'ère moderne. Il est donc difficile pour tout autre journaliste de rivaliser. Même lorsque d'autres sont plus rapides, l'audience et l'engagement restent du côté de Fabrizio.

Sa notoriété n’épargne personne, pas même les joueurs. En janvier 2023, lors de la signature de Yoshida à Schalke, Romano révéla que le joueur avait refusé une offre de Trabzonspor. Ce dernier, surpris par la précision de l'information, commenta lui-même : "Ce mec est incroyable... même ma femme n’était pas au courant pour Trabzonspor." Message auquel Fabrizio répondit : "Dis à ta femme de s'abonner à mon compte". Une domination qui irrite parfois, comme en témoignent les critiques de Gary Vanhooland, consultant en France : "Fabrizio Romano n’est pas un journaliste, c’est un influenceur, une fraude."



La face cachée de la gloire


Cependant, l'ascension fulgurante de Romano n’est pas sans controverses. En début d'année 2024, les médias danois Tipsbladet et Idrettspolitikk ont accusé le journaliste d'utiliser sa plateforme à des fins commerciales cachées, notamment via la société Memmo, qui proposerait à des joueurs ou clubs de payer pour que Romano diffuse des informations avantageuses pour eux. Ces accusations sont venues à la lumière avec l'exemple de Roony Bardghji, jeune talent mentionné par Romano. Une enquête est en cours et l'italien a porté plainte pour fausses accusations.

« Il fait vivre son business. Dans le milieu, c’est connu qu’il y a des pratiques très douteuses de sa part pour mettre en avant des joueurs. Ça peut être du côté des agents, avec comme exemple le plus frappant, Jonathan David. Il tweete régulièrement sur lui pour faire monter sa valeur. Côté clubs, l’OM a recours à ses services de manière très régulière. Il obtient souvent des informations pour parler de Marseille et des transferts là-bas. » 

À cela s'ajoute une autre face cachée, cette fois plus personnelle : son obsession pour l’information l’a quelque peu coupé de son entourage. Lors d’une interview récente, il avoua à ses proches : "J'espère que tous mes amis comprennent pourquoi je suis sur mon téléphone 24 heures sur 24. Chaque message, chaque appel, ce n’est pas juste du football ou du travail, c'est ma vie..." Il avait même partagé, non sans fierté, son temps d’écran moyen durant les périodes de mercato : 19 heures et 41 minutes par jour.

S’il est probable qu’il ne soit pas tout seul derrière cette énorme machine, Romano affirme, lui, être seul capitaine du navire.



Entre modèle et commercial


Fabrizio Romano n’est plus seulement un journaliste. Il est devenu un modèle, une référence. Des comptes imitant son style avec des phrases signatures comme "Here We Go", se multiplient, des produits dérivés sont créés, et même des services de vidéos personnalisées où Fabrizio vous souhaite bon anniversaire... pour la modique somme de 180 euros. Certains dénoncent alors des pratiques douteuses, rappelant que son rôle premier reste celui d’informer, non de divertir ou de monnayer sa notoriété.


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Fabrizio Romano n'est pas qu'un simple journaliste, il est devenu une figure incontournable. Il a redéfini le journalisme à sa manière. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, une chose est sûre : tant que Fabrizio Romano prononcera son fameux "Here We Go", il continuera de régner en maître absolu sur le monde des transferts.


La rédaction

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