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Profils d'élite #11 ; Franz Beckenbauer, le Kaiser

Bienvenue dans le onzième épisode de notre format "Profils d'élite".

Notre rédaction explore ici les parcours fascinants des joueurs qui ont marqué l'histoire du football. Ce n'est pas une simple rétrospective, c'est une véritable célébration d'un talent, d'une légende.


Il a porté le Bayern Munich et l'Allemagne de l'Ouest au sommet de l'Europe, tout en raflant les plus belles récompenses individuelles au beau milieu des années 1970. Il était un patron, un leader, un prodige. Véritable tour de contrôle de la pelouse, son jeu sans ballon, sa vision, sa capacité d'interception et son impact dans les airs ont fait de lui l'un des plus grands à son poste. Spécialiste des remontées de balle, il était un artiste novateur, qui a révolutionné, si ce n'est inventé, le rôle de libéro. Attaquant, puis milieu et défenseur, il a réussi tout ce qu'il a entrepris. Tout ce qu'il touchait se transformait en or.


Voici l'histoire de celui que l'on surnommera "Le Kaiser" ("l'Empereur") Voici l'histoire de Franz Beckenbauer.

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1945 à 1964- Un empereur né sur un champ de bataille


L'histoire débuta le 11 septembre 1945, dans les ruines de Munich détruit par la guerre. Franz Anton Beckenbauer voit le jour sur un champ de bataille. Son père, Franz Senior, méprise le football.. ce qui n'empêche néanmoins pas le fils de taper dans le ballon dès le plus jeune âge.

À neuf ans, il rejoint les rangs du SC Munich '06, où il sera formé en tant qu'attaquant. Son rêve ? Rejoindre Munich 1860, le plus grand club d'Allemagne à l'époque. Et puis arrive un tournoi de jeunes... où le buteur parvient à atteindre la finale, face au Munich 1860. Que demander de mieux pour celui qui prévoyait de les rejoindre à la fin de la saison ? L'histoire n'est pas aussi belle. Le match est compliqué, une gifle d'un adversaire vient se loger dans sa joue. Un tournant pour Franz, qui rejoint l'autre équipe de Munich : le Bayern, un club pauvre qui n'évolue pas en première division.




1965 à 1971 - La naissance d'une icône


Pour sa première saison avec l'équipe première, il est très vite repéré pour sa vision du jeu et son placement impressionnant et l'ailier est repositionné au milieu de terrain. Ses 17 buts vont le faire connaître dans tout le pays. Du haut de ses 20 ans, Franz Beckenbauer est appelé pour disputer sa première Coupe du Monde. Il va y faire taire tous ceux qui doutaient de lui. Deux buts contre la Suisse en poules, un autre en quart de finale contre l'Uruguay, encore un contre l'URSS en demi.. le milieu munichois est éblouissant et l'Allemagne de l'Ouest file tout droit vers une finale contre l'Angleterre.. finale perdue 2-4 après prolongations. La Coupe n'est pas ramenée, mais le rendez-vous avec le futur est planifié. Un simple contretemps dans la conquête du monde.


De retour à Munich après ce Mondial, Franz va s'imposer très rapidement comme le leader de l'équipe, et portera ses coéquipiers vers une victoire historique en Coupe des Coupes 1967. À seulement 22 ans, Beckenbauer est nommé capitaine. L'histoire est écrite. Repositionné petit à petit en tant que défenseur central, l'allemand se mue en véritable rempart, capable de remonter la balle et de distribuer des caviars aux attaquants. Un profil de jeu unique, qui l'amena peu à peu à côtoyer les sommets.



En 1970, l'Allemagne de l'Ouest retrouve la Coupe du Monde avec un seul objectif : faire mieux qu'en 1966. Qualifié pour les quarts de finale après être venu à bout de la Bulgarie, du Maroc et du Pérou au premier tour, la Mannschaft affronte les anglais. La RFA l'emporte 3-2 et prend sa revanche sur l'équipe qui avait détruit ses rêves de trophée. En demi-finale, les allemands sont opposés à l'Italie, pour ce qui sera plus tard nommé "le match du siècle". Du suspense, une intensité folle, un scénario historique, sept buts dont cinq en prolongations.. une véritable dramaturgie du ballon rond. Ce soir-là, Beckenbauer va toucher les sommets. Ce n'était pas qu'un simple défenseur, c'était un génie, un surhomme. Malgré s'être cassé la clavicule au début de la rencontre, le Kaiser a tenu à jouer les 120 minutes, bandé. La fin du match verra l'Italie l'emporte 4 buts à 3. Une désillusion supplémentaire pour Franz, toujours privé de titres internationaux.



1972 à 1975 - Beckenbau-or


Il faudra attendre deux ans, lors du championnat d'Europe 1972, pour voir le règne de Beckenbauer débuter. Favorise au titre, les allemands vont tout écraser sur leur passage, pour ramener enfin le premier titre majeur en Allemagne de l'Ouest. Il ne sera plus jamais détrôné, et le meilleur reste à venir...



S'il a été élu Ballon d'Or en 1972 et titré champion de Bundesliga en 1973, l'apogée de la carrière de Franz eut lieu en 1974. Il ne lui manquait qu'une Coupe du Monde et qu'une Coupe aux Grandes Oreilles pour enrichir un palmarès déjà farci de trophées. En finale de la Coupe d'Europe à Bruxelles face à l'Atlético Madrid, les Bavarois ne vont faire qu'une bouchée des espagnols, remportant ainsi la plus grande compétition interclubs européenne. Comme si l'histoire était écrite d'avance, la Coupe du Monde 1974 va voir les seize équipes s'affronter en Allemagne de l'Ouest. Malgré une défaite face à la RDA, les coéquipiers de Gerd Müller réalisent un parcours presque parfait et retrouvent la finale, huit ans après celle disputée contre l'Angleterre. Positionné en milieu défensif, Beckenbauer dicta pendant 90 minutes le rythme de la rencontre et de son équipe, qui s'imposa 2 à 1. C'est fait, Beckenbauer remporte le Graal tant convoité, une pièce manquante venant compléter sa vitrine de trophées. De fait, le titre mondial scelle son statut de superstar.

Pelé le qualifia de "son frère allemand". "Le Pelé Blanc" est né.




1976 à 1983 - Place au Cosmos

Éliminé dès les poules en 1976, Franz prit sa retraite internationale. Ce n'est pas tout. Après plus de trente années passées en Bavière, il quitta le Bayern après 498 rencontres, 66 buts et trois Coupes d'Europe des clubs champions dans son sac.


Direction le New York Cosmos, où il évolua aux côtés de Pelé. À N-Y, le Kaiser réalise le rêve de plusieurs milliers d'enfants allemands de l'après-guerre : réussir chez l'occupant américain. Aux États-Unis, le Kaiser évolue en tant que milieu défensif, ne montant en attaque que lorsqu'il le fallait. On raconte que le président du club aurait demandé au coach de dire à Beckenbauer de "ramener son cul devant" car "on n'a pas payé un million de dollars pour un gars qui rôde derrière". Beckenbauer a refusé, et continua de jouer à sa manière. Peu de football connaîtront le même succès et le même aura au sein de la MLS. Il y restera sept saisons, avant de décider de raccrocher les crampons.




1986 - L'esprit triomphe sur le banc de touche


Peu après, Franz retrouva les terrains, cette fois-ci de l'autre côté. Entraîneur, il n'en fera qu'à sa tête. En 1986, il mène la Mannschaft en finale de la Coupe du Monde (perdue 2-3 face à l'Argentine d'un certain Diego Maradona). Comme toujours, il revient quatre ans plus tard pour prendre sa revanche sur le passé... avec succès. Cette victoire fait de lui un demi-dieu, que l'on surnomma "Lichtgestalt des deutschen Fubballs" ("L'éblouissante lumière du football allemand), et son influence n'en fut que renforcée :

"Si Franz leur dit que la balle est carrée, ils le croiront. Il pourrait créer un parti 14 jours avant les élections et finir chancelier. Aucune autre figure du football, à part peut-être Pelé, n'a atteint le statut mythique de Beckenbauer" - Otto Rehhagel

Rien que ça.




Années 2000 - De footballeur respecté à père d'une nation réunifiée


Au début des années 2000, Franz Beckenbauer se lance dans un nouveau défi : celui d'organiser la Coupe du Monde dans son pays, pour la première fois depuis la réunification. Une tâche de taille qui s'inscrivait dans un contexte sportif allemand mis à mal par la volonté des pouvoirs publics de ne plus organiser d'événements à portée internationale sur le sol allemand. Un défi que Franz relèvera haut la main.

La Coupe du Monde est un succès sans précédent. La qualité de l'organisation est louée par tous les pays participants, les stades sont magnifiques. Pour la première fois depuis toujours, les allemands plantent leur drapeau dans leur jardin, se réunissent par millions pour assister aux matchs sur des écrans géants. Pour la première fois depuis toujours, les allemands sont fiers. Fiers d'eux, fiers de leur pays. Footballeur respecté, Beckenbauer est devenu en quelques mois le père d'une nation réunifiée.

"C'est le héros de notre nation. Mais ça ne lui est pas tombé dessus. Il a acquis ce statut à la sueur de son front" - Günter Netzer

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La rédaction

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