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⚠️Faudrait-il boycotter la Coupe du Monde Qatar 22 ?⚠️

Plus d’un milliard de téléspectateurs seront rivés devant leur écran pendant le mois de compétition, qui se déroulera du 21 novembre au 18 décembre prochain, applaudissant ensemble les possibles exploits de leur équipe. Cette compétition est une occasion unique, amenant au partage de moments forts au-delà des différences sociales, regroupant un peuple et une nation toute entière. Cependant, cette année, l’événement ne fait pas l’unanimité, et suscite beaucoup de débats. Je vais aujourd’hui donner mon avis, du point de vue d’un jeune de 16 ans passionné par le ballon rond, et respectant bien évidemment toute autre opinion.

La FIFA utilise la Coupe du Monde pour le divertissement, les revenus etc, mais aussi pour véhiculer un message, touchant les jeunes, qui vont la regarder puis dire à leurs parents « Je veux faire du foot », créant ainsi une dynamique, et surtout une économie grandissante pour

le football. Conditions de travail inhumaines, températures trop élevées, risques pour les joueurs, retour sur une édition Qatar 2022 à boycotter ?

Même les plus demandeurs d’un boycott savent déjà que la Coupe du Monde se jouera au Qatar, point. Il est dores et déjà impossible que celle-ci soit délocalisée, cependant, nous pouvons faire quelque chose à notre échelle, véhiculer notre propre message. Des campagnes ont donc été lancées, dont l’objectif est de forcer les supporters, les joueurs, les clubs, les présidents, les dirigeants, les fédérations, et la FIFA, à se regarder dans le miroir, et voir ce qu’ils ont fait de l’âme du football, voir ce qu’ils sont devenus. Le Football est maintenant une machine à argent, un sport dont la morale a été sacrifiée pour quelques millions d’euros supplémentaires.

Le comble : la FIFA continue de promouvoir la dignité humaine, l’égalité, l’équité, et les droits humains. Du moins, c’est ce que l’ont voit sur les T shirts et les slogans imprimés.. De plus, attribuer à une nation cette organisation si importante montre une reconnaissance de ce qu’elle est, de son régime, avec l’envie d’en faire un modèle. C’est pour ça que le Qatar a essayé d’obtenir l’organisation des derniers JO, mais aussi pour ça qu’il a organisé un nombre incalculable d’événements sportifs dans toutes les disciplines depuis qu’il a compris que le sport pourra polir son image, et accroître sa promotion nationale. Le 20 juin dernier, la fédération norvégienne a officialisé sa décision de dire « non » au Qatar 2022, Les fans scandinaves restent tous en faveur de ce boycott. Ces fans auront fait le

premier pas, contre la tournure désastreuse que prend le football. A nous de faire le second. Pour commencer, On compte environ 1,7 million de travailleurs/travailleuses migrant(e)s au Qatar, qu’ils soient venus d’Inde, du Népal ou encore des Philippines et d’autres régions pauvres d’Asie du Sud, venus suite à la promesse d’un monde meilleur que chez eux. Sous parfois plus de 50 degrés, nombreux d’entre eux travaillent sur les chantiers, à plein régime, pour construire les infrastructures nécessaires à la Coupe du Monde. Dans des propos recueillis par le journal Amnesty, un employer est revenu sur les conditions inimaginables et inhumaines dans lesquelles il a vécu : «Le travail est pénible, nous bossons pendant des heures sous un soleil de plomb. Lorsque j’ai voulu me plaindre juste après mon

arrivée au Qatar, mon patron m’a dit : plains-toi tant que tu veux, mais tu en subiras les conséquences. Si tu veux rester ici, tais-toi et travaille.» Il raconte avoir été trompé sur le salaire, et sur le type de taches qu’on lui avait annoncé, recevant parfois 2 ou 3 fois moins que le salaire qu’on lui avait promis, travaillant 12h par jour, 7 jours sur 7, sans eau potable. : : «Mon chef m’a dit d’accepter le salaire qu’on me donnait car sinon, je ne trouverais rien d’autre, et je n’obtiendrais pas mon passeport en retour.»

Depuis que la FIFA a confié l’organisation de cette Coupe du Monde au Qatar en 2010, pas moins de 6 500 travailleurs migrants ont perdu la vie dans les chantiers de construction, si on en croit l’enquête de The Guardian. Vous vous imaginez ? 6500 personnes. 6500 familles dans le deuil. 6500 personnes venues pour subvenir aux besoins de leurs proches. 6500 personnes trompées. 6500 personnes utilisées. 6500 pions. Face à cela, le Qatar continue d’affirmer n’avoir comptabilisé « que » 37 décès, affirmant que ce « n’est rien comparé à d’autres chantiers dans le monde ». Mensonge. Pour ce mondial, le Qatar a besoin de stades bien évidemment, mais aussi d’hôtels, de lignes de transport, de magasins, de restaurants, même une ville « Lusail city » a été crée, capable d’accueillir 200 000 supporters et joueurs.

Mais est ce que cela mérite le sacrifice, la souffrance, le salaire de 250€/mois.. ? Je ne pense pas. Ce n’est pas tout, jouer une Coupe du Monde ainsi, durant le mois d’hiver, change la donne, et représente un risque élevé pour les joueurs. Les championnats s’arrêteront plus d’un mois pour la compétition, alors qu’il s’agit normalement de la période la plus chargée de l’année. Il y aura donc, en conséquence, une cadence infernale jusqu’à la fin de l’année pour rattraper le retard. Le risque d’épuiser les joueurs, de multiplier les blessures, et d’offrir donc un football moins attractif est quasiment assuré. De plus, la préparation habituelle des sélections sera bouleversée. Par exemple, la Premier League anglaise et la Ligue 1 ont annoncé mettre en pause leur saison le 13 novembre, soit seulement 7 jours avant le début de la compétition. En comparaison, les Bleus avaient eu un mois pour se préparer au Mondial 2018 en Russie. Dans ces 7 jours, il faut compter le trajet en avion, estimé à 6h20 sans escale, mais aussi l’adaptation au décalage horaire.

Viennent ensuite les conditions climatiques. A Doha, ville mère de ce Mondial, la température peut s’élever à 45° en été, d’où le déplacement de la compétition à la fin de l’automne, avec une thermomètre avoisinant les 30°. Même si les organisateurs ont promis une neutralité carbone durant la période, la


climatisation à ciel ouvert annoncée dans les stades renvoie une image plus que désastreuse dans la lutte contre le changement climatique. Comme l’a confirmé Eric Aufaure, membre du comité de l’Agence de l’environnement Ademe, l’impact sera irréversible : "A partir du moment où c'est climatisé à ciel ouvert, il y a une perte d'énergie considérable. C'est une évidence et une aberration. La climatisation ne se fait pas toute seule, cela nécessite de l'électricité. Il y a donc des conséquences sur l’effet de serre évidemment. On va augmenter les puissances pour que 'le public' ressente un rafraîchissement mais la déperdition est énorme, la fraîcheur ne va pas rester",

Gilles Dufrasne, chargé du projet Carbon Market Watch de l’ONG affirme que la promesse de neutralité carbone ne sera pas crédible, que "Malgré un manque de transparence, les preuves suggèrent que les émissions de cette Coupe du monde seront considérablement plus élevées que prévu par les organisateurs, et les crédits carbone achetés pour compenser ces émissions ne sont pas susceptibles d'avoir un impact suffisamment positif sur le climat." De plus, une affaire de corruption s’est ajoutée au tout. En 2010, alors que les Etats-Unis étaient les grands favoris pour accueillir la compétition, l’émirat a été désigné pays hôte. Beaucoup se sont ensuite interrogés sur cette nomination, et des enquêtes judiciaires ont été ouvertes en 2016, notamment en Suisse (siège de la FIFA) et en France.

Les tribunaux se sont tout d’abord intéressés à un déjeuner organisé à l’Elysée en 2010, entre Nicolas Sarkozy, Michel Platini (président de l’UEFA à l’époque) et les deux plus grands dirigeants Qatari, le prince (aujourd’hui émir) Tamin ben Hamad al Thani et le premier ministre Hamad ben Jassem al Thani. Neuf jours plus tard, le Qatar est nommé pays organisateur, avec un surprenant soutien de dernière minute de Michel Platini. Trois mois sont passés avant que le QSI rachète le PSG contre 76M€, et le fils de Platini, Laurent, devient le directeur de l’équipementier qatari Burrda Sport, filiale de QSI. Coincidence ? Je ne pense pas. La justice non plus, se demandant donc si cette embauche n’était pas une contrepartie au vote de Platini. L’enquête a valu une garde à vue à l’ancien joueur, mais n’est pas allée plus loin.


Toutes ces raisons, des conditions de travail, en passant par la santé des joueurs, mais aussi l’écologie et sans oublier une possible corruption peuvent pousser à un boycott. Moi-même je ne peux pas dire que je vais boycotter cette compétition, ce serait mentir. Regarder les matchs à la télévision (permettre donc aux grandes boites, au Qatar et à la FIFA de générer des revenus), je vais le faire, en tant que passionné et supporter. Néanmoins, cela ne m’empêche pas, à mon échelle, d’essayer de faire passer un message, qui n’est pas, je le rappelle, une leçon. La France doit elle prendre la décision radicale de refuser la participation de l’Equipe de France à la compétition ? Au nom des droits de l’homme et de l’écologie, est-il enfin temps de casser cette spirale infernale, où le motif majeur est l’aspect financier ? Est-il enfin temps de dire STOP ? La rédaction

1 Comment


msgoniaux
msgoniaux
Aug 31, 2022

Excellent article, et belle prise de position, étayée et éclairée, bravo !

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